J’ai rencontré Henri une fin d’après-midi à la Factatory de Lyon, un terrain vague parsemé de conteneurs habitants une galerie temporaire.
A l’époque, il harponnait les troncs d’arbres dérivants sur la Saône pendant les crues de printemps.
Je le retrouve quelques années plus tard à Paris, à la galerie Romeo Paprocki, toujours chaussé de ses Timberland beiges et de ses lunettes de randonnée vissées sur la tête.
Il nous présente ici une exposition composée de différentes sculptures sur bois, mais aussi d’un petit bas relief et d’une toile, tous ayant pour sujet l’anatomie de son cheval Achille dont il a déterré les ossements pour rétablir un contact physique et sensible avec ce compagnon d’enfance.
A travers ces reliques dupliquées en bois, l’artiste tente de se réapprorier la stucture portante de l’animal pour les faire bouger à nouveau.
Ces sculptures sont issues de l’hybridation entre des dispositifs médicaux et des ossements.
Il s’agit de ressentir, du point de vue interne de l’animal, une anatomie qui nous ressemble mais dont on ne peut ressentir les vibrations: sentir à travers son corps le sabot qui frappe sur le sol, appliquer une pressions sur un fémur qui ne possède de réceptacle que la main qui appuie sur une poignée de béquille ou encore, sentir la fragilité d’une vertèbre sous la pression d’une canne.
Il utilise ces extensions du corps pour offrir une expérience sensorielle qui ouvre à la conscience de la structure portante de animal.
À travers ces sculptures anatomiques d’une grande finesse, Henri permet au bois de retrouver sa nature première en tant qu’échaffaudage du vivant.